Côte d’Ivoire: Le rapport de l’ONU « oublie » les Violations de l’embargo sur les armes par la LICORNE et L’ONUCI

Posted on avril 29, 2013

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Le  Groupe d’experts sur la Côte d’Ivoire, établi en application du paragraphe 16 de la résolution 2045 (2012) du Conseil de sécurité a rendu public le 17 avril 2013 son rapport final. Une grande partie de ce rapport, comme nous l’avons constaté tourne autour des  violations de l’embargo sur les armes imposé à la Côte d’Ivoire par la résolution 1572 (2004) et ses successives  prorogations. Les experts mandatés par l’ONU se sont intéressés  en particulier aux violations de l’embargo sur les armes de la part du gouvernement Gbagbo, des rebelles venus du Burkina-Faso qui pendant plus de 12 ans ont ensanglanté la Côte d’Ivoire, mais aussi depuis avril 2011,  des violations de l’embargo par le régime Ouattara issu de la rébellion et enfin de la soi disant violation de l’embargo sur les armes par des ex-dignitaires du gouvernement Gbagbo aujourd’hui en exil. Ce qui est flagrant dans ce rapport, c’est la volonté manifeste d’ignorer les épisodes de  violations de l’embargo sur les armes, dont  furent  protagonistes les forces « impartiales » en Côte d’Ivoire.

La crise post-électorale (décembre 2010-avril 2011)

Durant la période entre septembre 2002 et avril 2011, une rébellion apparemment venue de nulle part va ensanglanter la Côte d’Ivoire. Au cours de  toute cette période le président Gbagbo et son gouvernement vont accuser  des pays étrangers dont la France d’avoir armé les rebelles ivoiriens. Ces accusations seront toujours balayées du revers de la main par la France qui dispose d’un impressionnant dispositif militaire  en Côte d’Ivoire baptisé LICORNE, et par les nations unies qui disposent d’une force d’interposition (ONUCI). Cependant, c’est durant  la crise post-électorale provoquée par le refus d’Alassane Dramane Ouattara d’accepter sa défaite,  et sa décision d’avoir recours aux armes pour accéder au pouvoir que les masques vont finalement tomber. La France et les nations unies, pressées d’installer leur marionnette au pouvoir vont commettre des erreurs, et les ivoiriens stupéfaits seront témoins d’au moins deux épisodes flagrants de violation de l’embargo sur les armes dont seront protagonistes la LICORNE et l’ONUCI.

20 janvier 2011, la LICORNE prise la main dans le sac

Le 20 janvier 2011, un mois après que la France ait officiellement décidé de soutenir SA rébellion  dirigée par Alassane Ouattara, et après que Nicolas Sarkozy ait menacé le président Gbagbo de graves répercussions s’il ne cédait pas le fauteuil présidentiel à Alassane Dramane Ouattara, une importante cargaison d’armes lourdes  destinées à la LICORNE est saisie à Abidjan. Il faut rappeler qu’à ce moment là, aucune résolution des nations unies n’autorisaient la France à intervenir en Côte d’Ivoire. Malgré cela, dans le secret, la France préparait déjà la guerre qu’elle déclenchera quelques semaines  plus tard. La cargaison d’armes saisie était composée de deux hélicoptères et d’armes lourdes en pièces détachées. A posteriori, sachant quel rôle joueront plus tard  les hélicoptères dans le renversement du gouvernement élu du président Gbagbo, l’on ne peut que conclure que tout ce qui suivra  ne sera que la suite d’un vaste complot déjà écrit. N’ayant pas réussi à faire passer les armes par le port contrôle par l’armée ivoirienne fidèle au président Gbagbo, la France optera pour une solution radicale. Le 3 avril 2011 la force LICORNE occupera l’aéroport d’Abidjan, et le 9 avril 2011 le Port d’Abidjan. Ces occupations  par la force des deux principales portes d’entrée de la capitale économique ivoirienne permettront à la France de faire entrer le matériel qui lui servira pour l’assaut final contre les institutions ivoiriennes.

     

Avril 2011, après l'occupation par la Force du port d'Abidjan, la France pouvait finalement faire débarquer son matériel.

Avril 2011, après l’occupation par la France du port d’Abidjan, la France pouvait finalement faire débarquer son matériel.

4 mars 2011, 76 containers remplis d’armes et destinés à l’ONUCI sont saisis au Cameroun

Une autre affaire de saisie d’armes va retenir l’attention  les ivoiriens durant la crise post-éléctorale en Côte d’Ivoire. Alors que la tension est à son comble à Abidjan et à l’intérieur du pays, les ivoiriens apprennent médusés que 38 camions transportant 76 containers d’armes en provenance du Tchad, et à destination du port ivoirien de San-Pedro ont été saisis à l’Est du Cameroun. L’on pense alors à une cargaison destinée à l’armée ivoirienne, qui ces jours là se défendait contre un commando dit invisible qui faisait payer un lourd tribut de morts, à la population civile et à l’armée ivoirienne restées fidèles au président Gbagbo. Mais surprise, les journaux privés camerounais (relayés par la presse ivoirienne et africaine) qui ont rendu publique l’affaire révèlent  que les camions appartiennent en réalité aux Nations Unies et que la cargaison est destinée à  l’ONUCI. Le logo des nations unies est d’ailleurs bien visible sur certains containers, qui après avoir été passés au scanner livrent leur secret. Il contiennent bel et bien des armes automatiques et lourdes. La cargaison selon les journalistes proviendrait  du Soudan où se trouve un important contingent des nations unies et n’auraient fait que transiter par le TCHAD. Cette information est cruciale, car d’après e rapport des experts des nations unies,  des armes et munitions en provenance auraient été retrouvés en Côte d’Ivoire. Le rapport pointe du doigt d’anciens hauts responsables ivoiriens accusés d’avoir acheté ces armes, mais nous pensons qu’approfondir l’enquête sur les armes saisies au Cameroun rapprocherait tout le monde de la vérité.

Les autorités camerounaises embarrassées ne sachant que faire de cet encombrant paquet vont tergiverser pendant plus de deux semaines.Lles containers remplis d’armes seront stationnés dans les locaux des services de sécurité camerounais à Bertoua à l’est du pays. Finalement, sous la pression des nations unies qui n’ont jamais renié la paternité de ces containers même si ses responsables  refusaient d’admettre qu’ils étaient remplis d’armes, les autorités camerounaises laisseront  partir les camions, et les containers pourront finalement partir à destination du  port de San-Pedro qui entre temps était passé sous le  contrôle de la rébellion ivoirienne dirigée par Alassane Dramane Ouattara. L’on entendra plus jamais parler des 76 containers remplis d’armes.

Containers des nations unies remplis d'armes, saisis au Cameroun, en mars 2011

Containers des nations unies remplis d’armes, saisis au Cameroun, en mars 2011

d'armes, saisis au Cameroun, en mars 2011

container des nations unies remplis d’armes, saisis au Cameroun, en mars 2011

Containers des nations unies remplis d'armes, saisis au Cameroun, en mars 2011

Containers des nations unies remplis d’armes, saisis au Cameroun, en mars 2011

Au vu de ce qui précède, il ressort clairement que le rapport de l’ONU n’a rien d’impartial, et cela s’explique aisément lorsque l’on considéré qu’il a été commandité et rédigé sous la demande d’au moins deux des parties qui ont activement participé à la guerre en Côte d’ivoire. Il fallait  donner l’impression que  la guerre en Côte d’ivoire n’est que l’énième conflit entre africains pas assez entrés dans l’Histoire et qui ont toujours besoin d’être  sous tutelle. Si l’on avait évoqué les épisodes de  trafics d’armes dans lesquels furent impliquées les plus hautes autorités militaires françaises et onusiennes pour « le bien de la cause » en Côte d’Ivoire, cela aurait pu correspondre à  une admission du fait que les vrais responsables des conflits meurtriers en Afrique ne se trouvent pas en Afrique, mis bien en occident.

ACC – Côte d’Ivoire