Les ressources des pays africains qui créent des tensions entre Merkel et Hollande

Posted on janvier 29, 2014

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L’Allemagne veut avoir son mot à dire dans la gestions des ressources des pays africains francophones.

Dans l’un de nos articles, nous reportions les propos d’Angela Merkel la Chancelière allemande qui de façon diplomatique ma ferme laissait entrevoir la volonté de l’Allemagne de ne plus participer aux missions militaires françaises en Afrique, tant que Paris n’aurait pas mis sur pied des mécanismes permettant à L’Allemagne de tirer des dividendes des guerres de la France en Afrique. Même si à travers cette intervention nous entrevoyions des tensions entre Paris et Berlin en ce qui concerne “les missions de paix” en Afrique, nous n’avions pas sous la main une preuve matérielle nous permettant de confirmer l’existence de cette guerre pour le contrôle des ressources financières de l’Afrique.

L’interview du président Congolais Denis Sassou Nguesso parue dans PARIS MATCH édition du 17 décembre 2013, confirme bel et bien ce qui n’était jusqu’ici qu’une hypothèse. L’Allemagne et la France se battent pour le contrôle des ressources financières provenant du continent africain,et de façon particulière des pays francophone, chasse gardée de la France.

Parlant des fameux comptes d’ opérations ouverts auprès du trésor français et qui permettent à la France de drainer chaque année d’énormes ressources financières des pays africains francophones, Denis Sassous Nguesso l’un des piliers de la françafrique  déclare:

“Les Allemands demandent aujourd’hui que les francs africains, monnaie d’États souverains, rejoignent les comptes d’opération de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement plutôt que ceux de la Banque de France. Celle-ci résiste parce que cet argent de l’Afrique lui permet de lever des fonds colossaux à des taux dérisoires.”

Pour ceux qui n’en ont jamais entendu parlé, les comptes d’opérations sont un un fonds de réserves de change que les pays de la zone francs plus les Comores ont en commun auprès du trésor français. Ce fonds de réserves est alimenté à partir des valeurs de change des pays de la zone CFA. En d’autres termes, chaque fois qu’un pays de la Zone CFA vend un bien hors de la zone CFA, ce pays reverse à la France entre 50% et 65% des bénéfices obtenus. Ainsi donc si la Cote d’Ivoire vend des barils de pétrole pour 100 milliards à la Chine, 50% de cette somme doit aller au trésor français et 50% à l’État ivoirien.
Pour les pays de la BEAC (Afrique centrale) le pourcentage à déposer auprès du trésor français est de 60%, tandis que seuls 40% vont dans les caisses des États africains, les plus malheureux sont les comoriens qui ne se contentent que de 35% de leurs devises étrangères.

Il faut aussi noter que le franc CFA étant une monnaie de propriété de la France, il n’est convertible que par la banque de France, ce qui veut dire que chaque fois qu’une personne physique ou morale en possession de CFA veut échanger cette monnaie contre une autre (le dollar par exemple) elle doit verser une taxe au trésor Français.

Ce sont ces ressources énormes qui attisent l’appétit des autres États européens, qui semblent avoir désigné l’Allemagne comme leur porte parole. Car même si à travers des accords commerciaux comme ceux de Yaoundé, Lomé ou Cotonou, la France semble avoir partagé une partie du gâteau africain avec ses partenaires européens, la part de gâteau la plus importante, représentée par le contrôle de la monnaie et ses avantages (compte d’opérations, non convertibilité du CFA) est encore exclusivement entre les mains françaises.

L’Allemagne qui durant l’occupation ou plutôt la colonisation nazie de 1940 à 1945 appliqua le système des comptes d’opération à la France à travers le clearing, ne veut donc plus voir passer sous son nez les énormes ressources accumulées par l’État Français sur le dos des africains, tandis que les autres nations européennes sont confinés dans le rôle ingrat de simples fournisseurs de soldats et de ressources financières lors des guerres coloniales françaises. Les africains pendant ce temps assistent passivement à ce spectacle que se livrent les prédateurs, dans l’espoir que le moins gourmand réussisse à remporter la mise.

ACC- Côte d’Ivoire