Une ministre ivoirienne essaie de fermer la bouche d’un journaliste à coups de billets de banque.

Posted on janvier 21, 2014

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Bouna_Kabaniale (14)

Mme Niale Kaba

Le CNP organe de régulation de la presse ivoirienne a lourdement sanctionné hier deux journalistes proches du pouvoir ivoirien. Il s’agit du président de l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire (UNJCI) Moussa Traoré et d’Alafé Wakili, gérant de l’entreprise de presse Socef-NTIC, éditrice du quotidien ‘’L’Intelligent d’Abidjan » qui écopent d’une « suspension d’écriture d’une durée de 6 mois pour chacun suivie du retrait subséquent de la carte d’identité de journaliste professionnel. Selon le CNP, Alafé Wakili et Moussa Traoré se sont rendus coupables d’une «tentative de corruption » exercée sur Assalé Tiémoko, gérant de l’hebdomadaire ‘’L’Éléphant déchainé » à l’effet qu’il ‘’observe une trêve quant aux articles mettant en cause la ministre déléguée auprès du Premier ministre en charge de l’Économie et des Finances », Nialé Kaba.

Pour mieux comprendre cette sordide affaire qui implique des journalistes proches de Ouattara et l’un des ministres les plus importants du gouvernement ivoirien, il faudrait relater les faits. Selon divers témoins et des acteurs de cette affaire, les journalistes Moussa Traoré et Alafé Wakili (qui ne sont pas à leur premier forfait) seraient allés trouver la ministre en charge de l’économie et des finances d’alassane Ouattara, Nialé kaba , à qui ils auraient proposé leurs “services”. Il s’agissait moyennant une compensation pécuniaire d’acheter le silence du journaliste Assalé Tiémoko, gérant de l’hebdomadaire ‘’L’Éléphant déchainé » dont les enquêtes et les écrits gênaient visiblement la ministre en charge de l’économie et des finances. Les deux complices facturent leurs prestations à 5 000 000 F CFA (7622.43 euro). La ministre qui se dit que ce n’est pas tous les jours que deux bons samaritains viennent vous trouver dans votre bureau ne se fait pas prier et ouvre illico presto son porte monnaie. L’un des deux larrons ( Moussa Traoré) les poches pleines de cfa va alors proposer la dime de tout leur revenu (500 000 F CFA) au méchant Assalé Tiémoko. Mais voilà, il avait sans doute sous-estimé le degré de nuisance de ce casse-pieds d’Assalé Tiémoko. Le père du pachyderme ivoirien refuse poliment la manne qui tombe du ministère de l’économie et des finances, et pour ne pas s’arrêter en si bon chemin, écrit une lettre à Mme Nialé Kaba. Dans cette lettre, le journaliste dénonce la tentative de corruption dont il est victime et loue l’honnêteté de la ministre dont il ne voudrait pas que le bon nom soit mêlé à une opération aussi malhonnête. Dans la même lancée Assalé Tiémoko dénonce ses deux collègues auprès du CNP organe de régulation de la presse ivoirienne. Munie d’une copie de l’enregistrement de la conversation concernant la tentative de corruption, le directeur de ‘’L’Éléphant déchainé » est confronté aux deux accusés, et face aux preuves irréfutables, c’est à contre cœur que le CNP est obligé de sanctionner lourdement les deux journalistes proches du régime Ouattara.

Cette sanction loin de résoudre ce problème grave, remet sur la table la problématique de la mission du CNP. Le CNP doit il se substituer à la justice ivoirienne? Dans cette affaire l’on parle tout de même d’un délit pénal, impliquant l’un des ministres les plus en vue du régime Ouattara. Les exécutants de ce crime sont jugés et condamnés alors que le mandant Mme Nialé kaba continue calmement de diriger le ministère de l’économie et des finances. Les sanctions du CNP ne servent elles pas à éviter le grand déballage qu’une action en justice pourrait provoquer? Pourquoi la justice ivoirienne ne se saisit elle pas de cette affaire qui dans un pays normal aurait déjà entrainé la démission de Mme Nialé Kaba? Et Mme Nialé Kaba, que dit elle de toute cette affaire? Comment réussit elle à garder le silence alors qu’un organe de régulation contrôlé par le gouvernement dont elle fait partie, à travers les sanctions à ces deux journalistes reconnait qu’elle est la commanditaire d’un crime pénal? Affaire à suivre…

ACC- Côte d’Ivoire